Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
LA FEMME DU DOCTEUR.

culer Jeffson quand il s’agissait du bonheur de George.

Brown Molly avait l’aspect d’un superbe animal quand George rentra après avoir fait ses visites à la hâte, et qu’il la trouva sellée et bridée à onze heures du matin de cette belle journée de mars qu’il avait choisie pour son voyage à Conventford. Mais bien que la jument fût prête depuis un grand quart d’heure, George monta à sa chambre, — la chambre où il couchait depuis son enfance et dans laquelle il y avait encore, au milieu des cartons à chapeau et des valises, quelques-uns de ses jouets poudreux et oubliés, — et il passa quelque temps à changer de cravates, à brosser ses cheveux et son chapeau, et à faire quelques petites améliorations dans sa toilette.

William déclara que son jeune maître avait l’air d’aller se marier, au moment où il quitta la cour, le sourire aux lèvres et les cheveux soulevés par la brise printanière. En ce moment George était la vivante image de la bonne grâce naïve et saine, le type de la jeunesse honnête, et de la belle virilité anglaise, radieuse du frais éclat d’une nature immaculée, libre de mauvais souvenirs, pure comme un miroir nouvellement poli, que nulle haleine impure n’a encore souillé.

Il partit aveuglément au-devant de son destin, heureux de l’idée que son voyage était une heureuse combinaison des devoirs de l’amitié et des exigences de sa profession.

Je ne sache pas qu’il existe dans toute l’Angleterre une route plus belle que celle qui va de Graybridge-sur-la-Wayverne à Conventford, et je doute que dans toute l’Angleterre il y ait une ville plus laide que Conventford. J’envie la longue promenade à cheval que