Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
LA TRACE

attrapé une fièvre rhumatismale, et joliment forte, encore. »

La jeune fille appelée Sillikens éclata en sanglots en entendant ce diagnostic, mais étouffa bientôt ses pleurs, les pleurs devant être étouffés dans le quartier de Peter l’aveugle, où les habitants n’ont pas le temps de verser des larmes, et se mit à l’œuvre pour organiser un lit, un matelas usé et une mince courtepointe rapiécée, et là-dessus on étendit ce paquet d’os endoloris, connu dans Peter l’aveugle sous le nom de Jim Lomax.

La jeune fille reçut les prescriptions du médecin, promit de revenir avec les médicaments dans cinq minutes, puis s’agenouilla à côté du malade.

« Oh ! Jim, mon cher Jim, dit-elle, ayez bon courage, pour l’amour de ceux qui vous aiment ! »

Elle aurait pu dire pour l’amour de celle qui vous aime, car jamais aucun homme, depuis mylord le marquis jusqu’à Jim le travailleur, ne pouvait être aimé deux fois dans sa vie comme elle l’aimait.

Jabez North, pour rentrer à son logis, devait suivre le même chemin que le docteur ; aussi marchèrent-ils côte à côte.

« Pensez-vous qu’il en revienne ? demanda Jabez.

— J’en doute. Il a évidemment supporté une grande misère, de l’humidité, et de la fatigue. Il a une fièvre très-violente, et je crains qu’il ait peu de chance d’y résister. Je crois qu’il faudrait faire