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LA TRACE

de son amant, ou pour lui donner ses médicaments, ou bassiner son front avec un linge mouillé. La vieille femme était accroupie près du triste foyer, où elle avait allumé quelques branches, et fait le meilleur feu possible, d’après les ordres du médecin, car la chambre était humide et malsaine, même par cette brûlante température de juin. Elle se balançait d’un côté et d’autre sur un tabouret bas à trois pieds, et murmurait en son jargon des paroles décousues.

Après avoir adressé quelques paroles au malade et avoir fait ses offres de service, Jabez ne quitta pas l’endroit, mais se tint debout près du foyer, regardant la vieille femme d’un air rêveur.

Elle ne jouissait pas entièrement de sa raison, d’après l’opinion générale de Peter l’aveugle, et si une commission pour l’aliénation mentale avait été appelée à faire un rapport sur l’état de son intelligence en ce jour, je crois que le rapport se serait accordé avec l’opinion ouvertement exprimée d’une manière amicale par ses voisins.

Elle continua de se parler en murmurant à elle-même.

« Et ainsi, ma chérie, voici l’autre. L’eau n’aura pas été assez profonde ; mais ce n’est pas ma faute, Lucy, mon enfant, car je le vis, pour sûr, disparaître.

— Que vîtes-vous, pour sûr, disparaître ? demanda