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LA TRACE

vieille femme s’assit sur un petit tertre, Jabez debout vis-à-vis d’elle la regardait dans les yeux.

« Maintenant, dit-il, levant un regard déterminé sur la figure grimaçante qui était devant lui ; maintenant, dites-moi, qu’était cette chose que vous vîtes pour sûr disparaître, et qu’est pour moi l’homme qui est là-dedans ! Allons ! et dites-moi la vérité, ou… »

Il termina seulement la phrase par un regard menaçant ; mais la vieille femme la finit pour lui.

« Ou vous me tuerez, n’est-ce pas, chéri ? Je suis vieille et faible, cela vous sera facile, ma foi ! Mais vous ne le ferez pas, vous ne le ferez pas, chéri. Vous avez plus d’esprit que cela. Tuez-moi, et vous ne saurez jamais le secret, le secret qui peut être de l’or pour vous un jour, et que nulle créature ne connaît excepté moi. Si vous vouliez conserver du vin exquis dans une bouteille, mon chéri, vous ne briseriez pas la bouteille pour ne pas répandre le vin, vous ne le voudriez pas. Et, de même, vous ne me toucherez pas rudement du doigt, je le sais. »

Le sous-maître semblait être tout à fait disposé, en ce moment, à appliquer rudement toute la force de ses dix doigts sur le siège vital de ce squelette ; mais il se contraignit par un effort, et enfonça profondément ses mains dans les poches de son pantalon, afin de résister à la tentation.