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LA TRACE

« Jim, grand-mère, dites-moi où il est, ou je deviendrai folle. Il n’est pas parti, parti par une nuit pareille et avec une fièvre brûlante.

— Oui, fillette, il est parti… mon trésor… mon garçon chéri. Sa mère morte était mon unique enfant… et il est parti pour toujours… pour toujours… et par cette affreuse nuit. Je suis une misérable vieille femme. »

Pas d’autre explication, pas d’autres paroles que celles-là, murmurées et répétées plusieurs fois ; c’est tout ce que la malheureuse fille put tirer de la vieille femme, qui, moitié imbécile, et plus qu’à moitié ivre, grimaça et grommela sur sa tasse à thé, jusqu’à ce qu’elle tombât endormie, comme un tas de haillons, sur le foyer humide et glacé qu’elle embrassait, murmurant toujours, même dans son sommeil :

« Sa mère morte était mon unique enfant… et il est bien cruel qu’il en soit venu là… et par une pareille nuit… »