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LA TRACE

retraite de Ferney. Paris, dans lequel Mme du Deffand termina ses années si pénibles, si tristes, si ennuyées, si railleuses, en tenant un salon, en se querellant avec Mlle de l’Espinasse, ou en correspondant avec Horace Walpole, ce cher Horace qui parlait de ces brillantes dames françaises comme de femmes qui négligeaient tous les devoirs de la vie et donnaient de très-jolis soupers.

Paris ! dans lequel Bailly harangua, et Mme Roland rêva, dans lequel Marie-Antoinette se livra au désespoir, et l’aimable princesse Élisabeth finit sa sainte vie, dans lequel le fils de saint Louis affronta avec calme le tranchant rouge de cette terrible machine inventée par le charitable docteur, en vue de faire du bien à ses semblables. Cité, dont les murs virent trembler et suspecter le bilieux Robespierre, et sous les ombres de laquelle les glorieux vingt-deux allèrent à la mort la main dans la main, en chantant l’hymne de la liberté. Paris, se réjouissant à la victoire de Marengo, et lançant des salves joyeuses aux victoires de Lodi, d’Arcole, d’Austerlitz, d’Averstadt et d’Iéna. Paris, qui prit le deuil après Waterloo, et ouvrit ses bras, après de pénibles années d’attente, pour conserver dans son sein les cendres de l’empereur de son choix ; Paris, le merveilleux, Paris, le superbe, cité dorée, dont les rues sont une suite de palais, merveilles de splendeur et d’art. Est-il possible que sous cette myriade