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LA TRACE

CHAPITRE V.

LE ROI DE PIQUE.

Quand M. de Marolles offre son bras pour rejoindre la voiture, c’est avec une entière passivité que Valérie l’accepte. Que lui importe maintenant que son orgueil est tombé aussi bas qu’il pouvait le faire. Dédaignée par l’homme qu’elle aimait si tendrement, le mépris du monde n’est rien pour elle.

Après quelques minutes ils sont assis côte à côte dans le fiacre qui traverse les Champs-Élysées.

« Me conduisez-vous chez moi ? demande-t-elle.

— Non, madame, nous avons une autre course à faire, comme je vous l’ai dit.

— Et cette course ?

— Je vais vous conduire en un lieu où vous apprendrez votre destinée.

— Ma destinée ? s’écrie-t-elle avec un rire amer.

— Bah ! madame, dit son compagnon. Tâchons de nous comprendre. J’espère ne pas avoir affaire à une romanesque et sentimentale jeune fille. Je vous ai rencontrée dans une position on ne peut plus mé-