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LA TRACE

« La raison de mon absence de Paris et de ma présence cette nuit au Bois de Boulogne, est très-extraordinaire. À la fin de l’opéra, à la dernière représentation, je fus demandé à la porte du théâtre, où je trouvai un messager qui m’attendait et qui me dit arriver en poste de Calais, où ma mère était dangereusement malade, pour me supplier, si je voulais la voir, de partir immédiatement pour cette ville. Même mon amour pour vous, que vous savez bien, Valérie, être la passion absorbante de ma vie, fut oublié dans un tel moment. Je n’avais aucuns moyens de communiquer avec vous sans compromettre notre secret ; imaginez ma surprise à mon arrivée à Calais, en trouvant ma mère en parfaite santé, et qui naturellement ne m’avait envoyé aucun messager. J’appréhende dans ce mystère quelque complot qui menace la sûreté de notre secret. Je serai à Paris ce soir, à temps pour jouer Don Juan, et demain, à la brune, je me trouverai à ce cher petit pavillon, pour jouir une fois de plus du sourire des seuls yeux que j’aime.

« Gaston de Lancy. »

— Une épître complètement ridicule, murmura Raymond. Je l’aurais cru réellement capable de quelque chose de mieux. Vous le recevrez demain soir, madame ? »

Elle connaît si bien la portée de cette question, que sa main serre presque involontairement le pe-