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DU SERPENT.

et de la honte, dans laquelle elle a marché rapidement, et qui, en agissant ainsi, semblait tellement faire partie d’elle-même et être si intimement lié à ses angoisses et à sa vengeance, que souvent, dans l’accablement de son esprit bouleversé, elle se demande s’il n’était pas seulement l’incarnation hideuse de ses noires pensées. Il a parlé cependant de payement, de récompense pour ses ignobles services ; s’il était vraiment un être humain comme elle, la malheureuse, pourquoi ne venait-il pas réclamer ses droits ?

Tandis qu’elle médite ainsi, son oncle entre dans la chambre où elle est.

« Ma chère Valérie, je suis fâché de vous déranger, mais un individu vient d’arriver à cheval de Dijon. Il a fait, dit-il, le voyage de Paris pour vous voir, et sait que vous lui accorderez volontiers une entrevue. Je lui ai dit qu’il n’était pas probable que vous voulussiez l’accorder, et que, dans le cas où vous le voudriez, ce ne serait pas avec mon consentement. Qui peut être cette personne qui a l’impertinence de s’introduire ici à une telle heure ? Son nom m’est entièrement inconnu. »

Il lui remet une carte ; elle la regarde et dit à haute voix :

« Monsieur Raymond de Marolles. Cette personne a raison, mon cher oncle. Je veux la voir.

— Mais, Valérie ! » dit-il d’un air de remontrance.