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LA TRACE

promène ses yeux dans la chambre, approche la lumière du visage de l’enfant, mais rien dans son regard n’indique qu’il ait connaissance de ce qui se passe devant lui.

M. Jabez ouvre une des fenêtres de sa chambre ; elle est au troisième étage, et donne sur le jardin de récréation, à une certaine distance de la rue, qu’un mur très-élevé sépare du jardin. À mi-hauteur environ de cette fenêtre, se trouvent deux poteaux servant à la gymnastique ; ils sont placés à dix pieds environ du mur de la maison, et le maître d’études les contemple d’un air indécis. Il laisse glisser la corde par la fenêtre, et fixe l’extrémité à un crochet en fer scellé dans la muraille. Il est fort commode, ce crochet, et solidement fixé, en apparence : on dirait même qu’il a été scellé depuis peu.

Il mesure des yeux la hauteur, puis jette encore un regard incertain sur les poteaux, et il va sortir par la fenêtre, quand une voix faible, partant du lit, lui crie :

« Que faites-vous donc avec cette corde ?… Qui êtes-vous ?… Qu’allez-vous faire avec cette corde ?… »

Jabez tourne la tête, et, chose assez étonnante de la part d’un si bon jeune homme, il laisse échapper quelque chose comme un blasphème.

« Stupide enfant, tu ne me reconnais pas ? Je suis Jabez, ton vieil ami.

— Ah ! bon vieux Jabez, il ne faudra pas me re-