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LA TRACE

le secrétaire de sa chambre était forcé et on a volé un portefeuille qui devait contenir plus de trois cents livres !

— C’est ce portefeuille qu’il m’a donné hier soir. Je l’ai là dans la poche de côté de mon paletot.

— Vous ferez bien de dire cela au coroner, observa M. Jinks, il le croira sans doute.

— Il faut que je sois fou, dit Richard ; je suis fou, c’est certain. »

On était arrivé à la station, et M. Jinks, après avoir jeté un coup d’œil dans deux ou trois voitures du train qui allait partir, choisit un compartiment de deuxième classe, où il fit monter Richard Marwood. Il prit place à côté du jeune homme, son silencieux acolyte s’assit en face de lui, le garde du train ferma la portière et l’on partit.

Le silencieux ami de M. Jinks était de cette espèce de gens qui semblent faits tout exprès pour passer inaperçus dans la foule ; il en aurait pu traverser cent et pas un seul homme de cette centaine de foules n’eût détourné la tête pour le regarder.

Il n’était ni très-grand ni très-petit, ni très-gros ni très-mince, ni brun ni blond, ni laid ni beau, mais dans le juste milieu entre ces extrêmes, il devait nécessairement toujours passer inaperçu.

Si vous eussiez considéré son visage pendant trois heures consécutives, vous n’eussiez remarqué, pendant ces trois heures d’observation, qu’une