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LA TRACE

vertir, comme ils disent. Il leur affirma qu’il espérait et croyait tout ce qu’ils pouvaient lui enseigner, car toutes ces vérités il les avait apprises dans ses premières années, sur les genoux de sa mère.

« La meilleure preuve de ma foi, disait-il, c’est que je ne suis pas fou. Pensez-vous que si je ne croyais pas en une Providence qui voit tout, je ne serais pas devenu entièrement fou, quand nuit après nuit, durant des heures longues comme des années, je réfléchis et réfléchis encore, au point que mon esprit s’égare et que ma raison s’ébranle à l’idée de la situation dans laquelle je suis placé ? Je n’ai pas d’espoir dans l’issue de mon procès, car je comprends combien toutes les circonstances s’élèvent contre moi ; mais j’ai l’espoir que le Ciel, suscitant de sa main puissante un instrument de son choix, parviendra néanmoins à sauver un homme innocent d’une mort ignominieuse. »

L’agent muet, Peters, avait demandé son changement de Gardenford pour Slopperton, il était maintenant employé dans la police active de cette ville. Les chefs faisaient très-peu de cas de ce fonctionnaire subalterne, car son infirmité, disaient-ils, l’empêchait de gagner le pain qu’il mangeait, quoiqu’ils avouassent que son habileté était infaillible.

Celui-ci attendit donc le procès de Richard Marwood avec un intérêt qui ne s’était pas un instant