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LA TRACE

de Sa Seigneurie, qu’un long coup de sifflet résonna dans la salle.

Chacun porta les yeux vers le coin de la galerie d’où le bruit était parti, et les huissiers crièrent : « À l’ordre ! »

Le prisonnier lui-même leva les yeux, et les dirigeant sur l’endroit où cette interruption audacieuse et sans exemple avait surgi, reconnut la figure de l’homme qui avait exprimé les mots, « non coupable ! » dans la voiture du chemin de fer. Leurs regards se rencontrèrent, et l’homme fit signe à Richard d’observer ses mains, pendant qu’avec ses doigts il formait plusieurs syllabes lentement et d’un air résolu.

Ceci se passait pendant la pause occasionnée par les recherches faites par les huissiers afin de découvrir l’individu contumace qui avait osé siffler à la fin de la remarque de Sa Seigneurie.

L’humeur du juge ne fut pas adoucie pendant ce petit incident, et il s’écria, d’une voix irritée :

« Prisonnier, vous semblez persuadé que nous ne vous comprenons pas. Je vous le demande, réfléchissez pour la dernière fois, que plaidez-vous ? coupable ou non coupable ?

— Coupable ! monseigneur, dit Richard, cette fois, très-distinctement.

— Ah ! dit Sa Seigneurie triomphante ; et maintenant, je vous prie, qui avait raison ? »