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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/243

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DE LADY AUDLEY

« Dieu sait que je n’ai jamais fait de tort à votre ami, monsieur, dit-il, quand mistress Plowson et George furent revenus, ni ne lui ai jamais souhaité aucun mal. C’était un bon gendre pour moi, meilleur que beaucoup de fils ; je ne lui ai jamais causé de préjudice avec intention, monsieur… J’ai… j’ai dépensé son argent, peut-être, mais j’en suis fâché, très-fâché aujourd’hui. Mais je ne crois pas qu’il soit mort ; non, monsieur, non, je ne le crois pas, s’écria le vieillard en retirant sa main de ses yeux, et en regardant Robert Audley avec une nouvelle énergie. Je… je ne crois pas cela, monsieur ! Comment… comment serait-il mort ? »

Robert ne répondit pas à cette question brûlante. Il secoua la tête d’un air morne, et, s’approchant de la petite croisée, regarda dehors, à travers une rangée de géraniums desséchés, la triste pièce de terrain inculte sur laquelle les enfants étaient à jouer.

Mistress Plowson revint avec le petit Georgey emmitouflé dans une jaquette et une couverture de voyage, et Robert prit la main de l’enfant.

« Dites bonsoir à votre grand-papa, Georgey. »

Le petit garçon s’élança vers le vieillard, et, s’attachant à lui, baisa les larmes sales de ses joues fanées.

« Ne vous chagrinez pas pour moi, grand-papa, dit-il ; je vais aller à l’école pour apprendre à devenir un homme savant, et je reviendrai à la maison pour vous voir et mistress Plowson aussi, n’est-ce pas ? ajouta-t-il en se tournant du côté de Robert.

— Oui, mon cher enfant, de temps en temps.

— Emmenez-le, monsieur, emmenez-le, cria M. Maldon ; vous me brisez le cœur. »

Le petit garçon sautillait en s’éloignant d’un air joyeux à côté de Robert. Il était enchanté à l’idée d’aller en pension, quoiqu’il eût été assez heureux chez son vieil ivrogne de grand-père, qui avait tou-