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DE LADY AUDLEY

Il trouva le petit homme en grande intimité avec le garçon paresseux, qui avait dirigé l’attention de master Georgey sur différents objets dignes d’intérêt dans High Street.

Le pauvre Robert avait autant idée des besoins d’un enfant que de ceux d’un éléphant blanc. Il avait acheté des vers à soie, des cochons d’Inde, des loirs, des canaris et des chiens en quantité durant sa jeunesse, mais il n’avait jamais été appelé à pourvoir aux besoins d’une jeune créature de cinq ans.

Il retourna en arrière de vingt-cinq années et essaya de se rappeler sa propre manière de vivre à l’âge de cinq ans.

« J’ai un vague souvenir d’avoir eu une grande quantité de pain avec du lait et du mouton bouilli, pensa-t-il, et j’ai un vague souvenir que je n’aimais pas toutes ces choses. Je me demande si cet enfant aime le lait avec du pain et le mouton bouilli. »

Il se tint debout pendant quelques minutes, tirant son épaisse moustache et fixant l’enfant d’un air de réflexion avant d’aller plus loin.

« Je crois que vous avez faim, Georgey, » dit-il à la fin.

L’enfant fit signe que oui, et le garçon ôta quelque poussière très-invisible de la table, comme disposition préparatoire pour étaler une nappe.

« Peut-être aimeriez-vous à luncher ? » suggéra M. Audley en tirant toujours sa moustache.

L’enfant éclata de rire.

« Luncher, cria-t-il, pourquoi ? c’est l’après-midi, et j’ai dîné. »

Robert Audley se sentit de nouveau plongé dans l’embarras. Quel rafraîchissement pouvait-il donner à un enfant qui appelait trois heures, l’après-midi ?

« Vous aurez un peu de pain et de lait, Georgey,