Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t1.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
DE LADY AUDLEY

Il poussa un long soupir… un soupir de soulagement pour cette délivrance. C’était entièrement fini maintenant.

La voiture sortait de la porte de la plantation comme il pensait à ces choses, et il se leva dans le véhicule pour jeter un regard en arrière sur les tristes sapins, les allées couvertes de gravier, la pelouse unie et la grande maison en briques rouges, à l’aspect désolé.

Il fut surpris à la vue d’une femme qui courait, qui volait presque, le long du chemin à voitures par lequel il était venu, et agitait un mouchoir dans sa main.

Il considéra cette singulière apparition pendant quelques instants, dans un étonnement silencieux, avant d’être capable d’exprimer en syllabes sa stupéfaction.

« Est-ce à moi qu’en veut cette femme qui semble voler ? s’écria-t-il à la fin. Vous feriez mieux d’arrêter peut-être, ajouta-t-il au cocher. Nous sommes dans une époque d’excentricité, dans une ère anomale de l’histoire du monde. Elle peut avoir besoin de moi. Très-probablement j’ai oublié mon mouchoir de poche, et M. Talboys a envoyé cette personne me le rapporter. Peut-être ferais-je mieux de descendre et d’aller à sa rencontre. C’est une politesse de renvoyer mon mouchoir. »

M. Robert Audley descendit résolument de la voiture et marcha lentement vers la forme féminine qui courait si vite et qui l’atteignit bientôt.

Il avait presque la vue courte, et ce ne fut que lorsqu’elle arriva près de lui qu’il vit qui elle était.

« Bonté du ciel ! s’écria-t-il, c’est miss Talboys. »

C’était miss Talboys, rouge et hors d’haleine, avec un châle de laine sur la tête.

Robert Audley maintenant voyait clairement son visage pour la première fois, et il remarqua qu’il était très-beau. Elle avait des yeux bruns, comme ceux de George, un teint pâle (elle était colorée quand elle