Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
LES OISEAUX DE PROIE

ton sérieux, maie votre père n’est pas supportable. S’il ne m’avait fait aucune promesse, j’aurais meilleure opinion de lui. S’il m’eût dit franchement qu’il ne pouvait pas me payer et m’eût demandé de vous recevoir par charité… »

Diana, à ce mot, se leva en rougissant un peu.

« … Eh bien ! j’y aurais réfléchi et j’aurais examiné si cela pouvait se faire… Mais être trompés constamment comme je l’ai été !… Vous savez quelles promesses solennelles votre père m’a faites, vous les avez entendues… Compter sur une somme d’argent pour une époque convenue, ainsi que je l’ai fait encore et toujours sur l’assurance d’Horatio que je pouvais avoir foi en sa parole, cela est par trop fort, Diana. C’est plus que personne n’en pourrait supporter. Si vous aviez deux ou trois ans de plus, si vous étiez plus avancée, je pourrais m’arranger de manière à faire quelque chose pour vous en vous donnant la classe des petites ; mais il ne m’est pas possible de vous garder et de vous habiller pendant trois ans au moins, et je n’ai pas d’autre parti à prendre que de vous renvoyer chez vous. »

Le domicile auquel Diana fut reconduite cette fois était une chambre garnie située au-dessus d’un marchand de jouets où le capitaine vivait confortablement en exploitant une société fondée pour des prêts philanthropiques ; mais l’accueil qui attendait Diana ne fut pas cordial.

Elle trouva son père paisiblement endormi dans un fauteuil ; un jeune homme qu’elle ne connaissait pas, assis à une table près de la croisée, était occupé à écrire des lettres. C’était une sombre journée de novembre, un triste jour pour se trouver subitement abandonnée dans un monde plus triste encore ; les réverbères de la route