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LES OISEAUX DE PROIE

niais et pusillanimes. Le capitaine flaira tout de suite en lui le collaborateur désiré. C’est ainsi que s’établit une alliance qui devint plus forte chaque jour, jusqu’à ce qu’enfin Valentin élût domicile chez son patron, où il ne tarda pas à être beaucoup mieux traité que la fille de la maison.

L’histoire de l’existence passée de Valentin était assez bien connue par le capitaine, mais Diana n’en avait qu’une notion vague et incomplète. Elle découvrit peu à peu qu’il était le fils d’un homme de lettres, panier percé, qui avait passé la majeure partie de sa carrière dans la prison pour dettes ; qu’il s’était échappé de la maison de son père à l’âge de quinze ans et avait cherché fortune dans toutes les professions qui n’exigent aucune espèce d’études préparatoires ; celles qui sont à la portée des vagabonds et des aventuriers. À quinze ans, Valentin avait été porteur de journaux ; à dix-sept, il rédigeait à un sou la ligne des articles qu’il trouvait moyen de faire admettre dans les journaux de bas étage ; puis, il avait été successivement : acteur en province, écuyer dans un manège, marqueur au billard, et agent pour les paris. C’est après avoir passé par ces diverses professions libérales qu’il avait fait la rencontre du capitaine Paget.

Tel était l’homme que Paget avait admis à être le compagnon de sa fille unique. On pourrait à peine alléguer comme excuse qu’il eût pu admettre dans sa famille un homme pire que Valentin ; car le capitaine ne s’était jamais donné la peine de sonder les profondeurs de l’âme de son coadjuteur. L’égoïsme est le pire des myopes, et pour les choses qui ne le touchaient pas directement, il n’y avait pas d’homme plus aveugle qu’Horatio.

Le jour commençait à tomber lorsque Diana se sentit