Aller au contenu

Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LES OISEAUX DE PROIE

difiée sous l’influence de son mari. Elle ne considérait plus un dog-cart à grandes roues et une jument ombrageuse comme la plus haute expression de la félicité terrestre, car elle avait maintenant à son service une calèche à deux chevaux avec un petit groom pour ouvrir la portière et marcher derrière ses talons lorsqu’elle faisait des visites ou allait courir les magasins. Au lieu de la vaste et vieille maison de ferme de Hiley, avec ses couloirs mystérieux et les impénétrables obscurités de ses armoires, elle occupait une élégante petite maison à Bayswater, dans laquelle les yeux fatigués par le soleil auraient vainement cherché un peu d’ombre pour se reposer.

La fortune de Sheldon avait prospéré depuis son mariage avec la veuve de son ami. Pour un homme d’un esprit aussi pratique et d’un caractère aussi énergique, dix-huit mille livres étaient un solide point de départ. Son premier soin avait été de se débarrasser de tous ses anciens engagements et de tourner le dos à sa respectable maison. Les premiers mois de son mariage avaient été consacrés à un voyage sur le Continent. Il rechercha de préférence les villes commerciales, industrielles. Il fréquentait les tables d’hôte, les hôtels fameux, ceux où les hommes d’affaires, les négociants se rencontrent, prennent rendez-vous. Georgy, de son côté, était enchantée de la vie que son mari lui faisait mener sur le Continent. Elle n’avait reçu qu’une demi-instruction, n’avait jamais rien vu de sa vie ; elle était émerveillée comme un enfant ; tout excitait en elle un enthousiasme égal, les bijoux du Palais-Royal comme les bonbons fantastiques de Berlin.

Son mari était très-bon pour elle, mais à sa façon, qui était une façon absolument différente de celle du