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LES OISEAUX DE PROIE

roses jusque sur son toit et envoyer des petits pois au marché de Londres jusqu’à la fin de novembre. Il peut trouver cela sans se presser. Il viendra la semaine prochaine à Londres et s’en occupera. Georgy et lui sont deux enfants qui ne sauraient jamais se tirer d’affaire tout seuls, à Londres, du moins. Je les ai engagés à descendre ici ; leur logement ne leur coûtera rien et nous ferons les autres dépenses en commun, à la mode du comté d’York ; car, je ne puis malheureusement pas prendre à ma charge deux pensionnaires pendant un mois. Pensez-vous que vous serez capable de faire le service pour nous tous, Nancy ?

— Oh ! oui, je m’en tirerai très-bien ; je ne suis pas une paresseuse comme les filles de Londres, qui mettent une demi-heure pour essuyer une tasse à thé. Soyez tranquille, je m’en tirerai !… M. et Mme Halliday occuperont votre chambre, bien sûr ?

— Oui, il faut leur donner la meilleure chambre ; moi, je dors n’importe où… Maintenant, descendez, Nancy, et pensez à tout cela… Il faut que je travaille, j’ai des lettres pressées à écrire ce soir. »

Nancy se retira avec son plateau, flattée, heureuse de la familiarité que lui avait montrée son maître et, de plus, enchantée à la pensée que la maison allait être pleine de monde. Ce serait certainement un grand embarras ; mais la nature remuante de Nancy souffrait de la vie monotone qui lui était quotidiennement imposée ; elle aspirait de toutes ses forces, à la chose qui la sortirait de son train-train ordinaire. Il y aurait aussi le plaisir de secouer un peu la paresse de la fille de Londres, il faudrait bien se mouvoir, monter, descendre. Et enfin, la question des petits profits n’était pas à dédaigner ; Nancy n’était point sotte, et elle savait que dans