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LES OISEAUX DE PROIE

lotte embrassa son amie, puis regagna avec Mme Sheldon la voiture qui les attendait, sous les arbres, à la porte du domaine de Priscilla.

Diana rentra en soupirant dans la salle d’étude déserte. L’affection de Charlotte ne suffisait pas, hélas ! pour lui donner l’indépendance. Aller habiter une maison étrangère, avec des étrangers, n’y avoir sa place qu’à la condition de s’y rendre sans cesse utile et d’y paraître toujours de bonne humeur, n’est pas, hélas ! la plus séduisante perspective que le monde puisse offrir à une femme jolie et fière. Diana comparait cet avenir à ces gracieuses visions d’une vie de bohème avec Valentin, dans un petit appartement près du Strand.

Il serait doux, certes, de se promener en voiture avec Mme Sheldon, mais combien mille fois eût-elle préféré être assise à côté de Valentin dans un modeste cab, au grand trot, sur la route de Greenwich ou de Richmond. Elle avait promis d’écrire le jour même à Priscilla Paget. Elle le fit. La réponse était aussi bienveillante que possible. Priscilla l’engageait à accepter l’offre de Mlle Halliday, comme devant lui procurer une position tout à fait préférable à celle qu’elle avait à la pension.

« Vous aurez le temps d’y perfectionner votre éducation, » disait Priscilla, « et vous pouvez espérer trouver quelque chose de mieux dans deux ou trois ans, car, » ajoutait-elle, « il faut, Diana, que vous envisagiez l’avenir ainsi que je l’ai fait avant d’avoir votre âge. Il faut vous apprendre à ne compter que sur vous-même. Vous savez ce que vaut votre père et combien peu vous avez à espérer de lui. Comme vous ne serez pas payée chez les Sheldon et serez cependant obligée d’y faire