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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/178

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LES OISEAUX DE PROIE

fille toutes les fois que cela ne le dérangeait pas ; et comme il ne suffisait pour cela que de quelque argent, il s’y laissait très-facilement aller. Ses préoccupations personnelles l’absorbaient trop pour qu’il eût le loisir de s’occuper des affaires des autres. Il ne faisait jamais aucune question sur ce qui concernait la compagne de sa fille ; mais il était néanmoins surpris de voir qu’une belle personne si bien élevée pût se contenter de s’asseoir à sa table dans une situation dépendante sans être payée.

« Votre amie, Mlle Paget, a l’air d’une duchesse, dit-il un jour à Charlotte. Je pensais que généralement les jeunes filles faisaient choix pour leur tenir compagnie d’une jeune personne d’une pauvre tournure, mais il semble vraiment que vous ayez choisi la plus belle fille de la pension.

— Oui, elle est très-bien, n’est-ce pas ?… Je voudrais, papa, qu’un de vos riches messieurs de la Cité eût l’idée de la prendre pour femme. »

Mlle Halliday avait consenti à appeler « papa » le mari de sa mère, bien qu’il lui fût pénible de prononcer ce nom qu’elle jugeait trop affectueux. Elle avait tant aimé l’expansif Tom que c’était uniquement pour plaire à la pauvre Georgy qu’elle avait pris sur elle de donner à un autre ce nom qui avait été le sien.

« Mes messieurs de la Cité ont mieux à faire que d’épouser une jeune fille qui n’a pas un sou, répondit Sheldon. Pourquoi n’en cherchez-vous pas un pour vous-même ?

— Je n’aime pas les hommes de la Cité, dit vivement Charlotte ; puis, en manière d’excuse, elle ajouta en rougissant : au moins la plupart d’entre eux, papa. »

Diana avait attendu pour répondre à la lettre de Va-