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LES OISEAUX DE PROIE

CHAPITRE VI

LE PACTE DE GRAY’S INN

L’horloge du temps, qui marche si vite pour les amoureux, va à peu près du même pas pour les logeurs en garni et les fournisseurs ; ce qui fait que, pour vivre, Haukehurst avait à se creuser la tête chaque matin, et l’éclat des beaux yeux de Charlotte ne l’aidait guère dans cette besogne-là. Il n’y avait pas de repos pour Paget et son protégé, mais l’ingénieux capitaine s’arrangeait de façon à ce que ce fût Valentin qui eût le plus à produire, et lui, Horatio, le plus à consommer. Son élève était plus docile que jamais ; il semblait se soucier fort peu de ses intérêts, et ne demandait qu’à servir son maître avec l’aveugle fidélité d’un caniche.

Depuis la malencontreuse petite affaire de Spa, vous savez, Paget avait trouvé le moyen de vivre d’une façon à peu près tranquille en apparence, sinon tout à fait honorable. Il avait fallu au capitaine beaucoup d’adresse pour se tirer de ce mauvais pas et peut-être que le souvenir et la notion plus vive des risques qu’il avait courus dans cette rencontre n’avaient pas été sans influence sur la ligne de conduite qu’il s’était imposée depuis.

« La position était inquiétante, Valentin, disait-il un soir à son compagnon, et si je n’avais pas pris les choses de bien haut en faisant sonner aux oreilles de ces coquins mon grade de capitaine, je ne sais pas comment cela aurait tourné.