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LES OISEAUX DE PROIE

« Je présentai la carte de M. Sheldon, me conformant en cela à ses bons avis, puis après avoir exposé mon affaire, je demandai à M. Wendover s’il pouvait me donner quelques renseignements sur la famille Haygarth.

« La fortune m’a favorisé dans cette expédition à Dewsdale. Le recteur est un vieillard aimable, bavard ; parler est pour lui une bénédiction. Il habite la maison depuis trente-cinq ans. Il la tient à loyer de la personne qui l’a achetée de John Haygarth. Pas une parcelle du mobilier n’a été enlevée depuis le temps de notre ami Matthieu, et le révérend intestat peut avoir médité sur les mystères d’Euclide à la même table d’acajou où s’évertuait le jeune garçon en blouse.

« M. Wendover, laissant ses livres et ses manuscrits épars sur le plancher de la salle d’étude, m’a conduit dans un salon meublé de maigres chaises aux pieds effilés et de fauteuils démodés. Là, il m’a invité à m’asseoir. Nous avons été fréquemment interrompus par des invasions de gamins, des battements de portes, et des clameurs perçantes et fraîches.

« J’ai fait usage de tous les talents diplomatiques que je possède, dans ma longue entrevue avec le recteur, et ce qui suit est la transcription de la conversation que nous avons eue après une escarmouche de politesse d’avant-garde.

« Moi-même. — Comme vous voyez, mon cher monsieur, l’affaire qui m’occupe a des rapports éloignés avec les Haygarth. Tous les renseignements que vous aurez la bonté de me donner, quelque insignifiants qu’ils puissent paraître, peuvent néanmoins être utiles.

« Le recteur. — Assurément, assurément ! Mais vous comprenez, bien que j’aie beaucoup entendu parler