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LES OISEAUX DE PROIE

vous ne soyez bientôt fatigué de cet arrangement. Tom est un très-bon garçon, à sa manière, et très-fort de mes amis, mais ce n’est, en somme, qu’un cerveau vide. »

La conversation changea de sujet, et les deux frères se mirent à parler de Barlingford et de ses habitants ; de quelques parents qui leur restaient et les rattachaient encore à leur ville natale ; ils parlèrent aussi de leurs anciens camarades d’enfance. Le dentiste prit dans le buffet une bouteille entamée de whisky pour son frère et pour lui ; mais la conversation n’en continua pas moins. Philippe était triste et distrait et répondait seulement de temps à autre ; il finit même par déclarer qu’il était harassé.

« Ce n’est pas une plaisanterie que de venir de Barlingford par un train de petite vitesse, et je ne pourrais me permettre l’express, dit-il, en manière d’explication, en réponse à son frère qui lui reprochait sa distraction.

— Alors, je pense que vous ferez bien de vous mettre au lit, reprit George qui avait fumé deux cigares et bu la bouteille de whisky, avec de l’eau chaude et du sucre. Je m’en vais… Je vous ai dit en arrivant combien vous me paraissiez fatigué. Quand attendez-vous Tom et sa femme ?

— Au commencement de la semaine prochaine.

— Si tôt que cela… Allons, bonsoir, je vous reverrai certainement, avant qu’ils arrivent. Vous feriez bien de venir jusque chez moi, demain soir. J’ai une affaire en train, qui m’occupe beaucoup en ce moment.

— Toujours vos mêmes travaux ?

— Toujours. Il ne m’en vient pas beaucoup d’autres.

— J’ai bien peur que vous ne tiriez jamais grand profit de celui-là.