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LES OISEAUX DE PROIE

Charlotte. Oui, c’était bien elle !… Oui, cette beauté du temps de George II me regardait et me souriait avec les yeux et les lèvres de la belle-fille de Sheldon.

« N’était-ce qu’une illusion ? Mon esprit était-il si rempli de la pensée de Charlotte, mon cœur tellement ému de sa beauté, qu’il ne me fût pas possible de rencontrer une jolie figure féminine sans être persuadé qu’elle lui ressemblait ? Quoi qu’il en pût être, je restai longtemps à contempler ces traits qui me rappelaient fi parfaitement celle que j’aimais.

« Naturellement, je questionnai le recteur pour savoir qui avait été l’original de cette miniature. Il ne put rien me dire, si ce n’est qu’il ne pensait pas que ce fût ni une Caulfield, ni une Haygarth. L’homme en perruque à queue à la mode du temps de la reine Anne était Jérémiah Caulfield, le brasseur, père de la pieuse Rebecca ; la femme à la haute coiffure poudrée était la pieuse Rebecca elle-même ; l’homme à perruque du temps de George II était Matthieu Haygarth ; les trois autres étaient des parents de Rebecca ; mais la demoiselle aux cheveux flottants était une créature inconnue, dont M. Wendover ne pouvait s’expliquer la présence.

« Ayant examiné le cadre, je me suis aperçu qu’il s’ouvrait par derrière. Au dos de l’ivoire sur lequel le portrait était peint se trouvait une boucle de cheveux noirs recouverte d’un verre de cristal, et à l’intérieur, sur la plaque en métal doré qui servait de fermeture, un nom était inscrit : le nom de Molly.

« Comment cette Molly avait-elle été admise au milieu des Caulfîeld ?

« Mon voyage dans la maison n’ayant pas eu d’autre résultat que le petit incident romanesque de la ressemblance de Charlotte avec cette Molly, je me préparais à