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LES OISEAUX DE PROIE

« Le recteur leva les épaules avec un geste de supplication.

« — Aujourd’hui, répliqua-t-il, un fait semblable serait presque impossible ; mais il faut vous rappeler que nous parlons du siècle passé, un siècle pendant lequel, je regrette de le dire, le clergé de l’Église d’Angleterre était très-relâché dans l’accomplissement de ses devoirs. Les disciples de Wesley et de Whitefield n’auraient pas augmenté en nombre comme ils l’ont fait, si le troupeau n’eût été aussi négligé par ses pasteurs. À cette époque les bénéfices étaient constamment accordés à des hommes peu dignes de remplir leur saint ministère, des joueurs, des ivrognes, des amateurs de combats de coqs et, dans plus d’une circonstance, de véritables réprouvés. À une pareille époque, presque tout était possible, et cet enterrement inusité à l’heure de minuit peut avoir eu lieu du consentement aussi bien qu’à l’insu du desservant qui, d’après ce que j’ai entendu dire, n’avait pas une grande réputation de piété ni de moralité.

« — Et vous dites qu’il en est fait mention sur le registre de la paroisse ?

« — Oui, une sorte de gribouillage portant la date du 19 septembre 1774 constate l’inhumation d’un Matthieu Haygarth, âgé de quatre ans, exhumé du cimetière dépendant de l’église paroissiale de Spotswold.

« — Alors c’est un réenterrement.

« — Évidemment.

« — Et Spotswold fait partie de ce comté ?

« — Oui, c’est un très-petit village situé à environ cinquante milles d’ici.

« — Et Matthieu Haygarth est mort peu de temps après cet événement ?

« — Oui, il est mort très-vite, avec une promptitude