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LES OISEAUX DE PROIE

« — Les fils de l’avocat Brice ?

« — Oui, assurément.

« La bouche de mon imbécile s’ouvrait démesurément pour livrer passage à un gros rire.

« — L’avocat Brice n’a jamais eu de fils, s’exclama-t-il d’un ton qui semblait prendre en pitié mon ignorance. Il n’a jamais été marié.

« — Bien, bien… ses frères alors. Il avait des frères, je suppose ?

« — Non, autant que j’en peux savoir, répondit-il.

« Il devenait clair qu’il ne pouvait plus m’être d’aucun secours. J’appris de lui qu’il n’y avait aucun Brice dans Ullerton, et qu’il n’en avait jamais connu pendant les trente années qu’il avait vécu dans la ville. Il me donna un almanach des adresses d’Ullerton pour confirmer son dire, un joli petit volume coûtant un shilling. Je lui demandai la permission de le garder un quart d’heure.

« Brice était évidemment un non-succès. En tournant les feuilles, je rencontrai à la lettre G le nom de Goodge. Goodge, Jonas, ministre de la chapelle de Beulah, demeurant no 7, Waterhouse Lane, l’endroit même où j’avais été visiter la chapelle.

« Je pris la détermination d’aller rendre visite au digne Goodge ; il pourrait peut-être me renseigner sur le nom du pasteur qui veillait sur le troupeau wesleyen, au temps de Rebecca Caulfield, et les descendants de ce pasteur pourraient peut-être m’être plus utiles encore. La pieuse Rebecca avait dû sans doute confier beaucoup de choses à son directeur spirituel. Les premiers Wesleyens avaient toute l’exaltation des quiétistes et un peu de la ferveur enragée des convulsionnaires. Ils se flagellaient, s’écorchaient, et arrivaient jusqu’aux spasmes de