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LES OISEAUX DE PROIE

Il y eut alors un moment de silence. Les opinions et les doutes de Georgy étaient aussi vagues les uns que les autres. Les dernières paroles de Sheldon l’inquiétèrent ; elle était troublée de l’état de son mari, mais toute sa vie elle avait été habituée à ne point penser par elle-même, à suivre en tout l’avis des autres.

« Pensez-vous réellement que Tom pourra se rétablir vite ? demanda-t-elle.

— Si je pensais autrement, je serais le premier à conseiller que l’on prît d’autres mesures. Quoi qu’il en soit, ma chère madame Halliday, appelez, quelqu’un d’autre pour votre propre satisfaction.

— Non, dit Georgy avec un douloureux soupir, cela pourrait effrayer Tom. Vous avez parfaitement raison, monsieur Sheldon ; il est très-impressionnable, et l’idée que, moi, je suis inquiète, pourrait le rendre plus malade. Je m’en rapporterai à vous. Tâchez de le rétablir promptement. Vous tâcherez, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle, suppliante, enfantine, gracieuse, comme elle avait coutume.

Sheldon, qui s’était mis à chercher quelque chose dans un des tiroirs de la table, tournait le dos, en ce moment, à son hôtesse.

« Vous pouvez compter que je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir, madame Halliday, » répondit-il en continuant de fouiller le tiroir.

George était venu souvent chez son frère depuis que Tom était tombé malade. George et Tom avaient été autrefois les Damon et Pythias de Barlingford, et George sembla réellement affecté lorsqu’il vit empirer l’état de son ami ; mais les changements étaient si difficiles à apprécier, les alternatives du mieux au plus mal et du plus mal au mieux étaient si fréquentes, que ceux qui entou-