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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/74

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LES OISEAUX DE PROIE

« Hélas !… » dit-elle.

Et elle retourna à la chambre de son mari où elle s’assit derrière les rideaux du lit pour pleurer en silence. Il y avait alors deux personnes qui veillaient dans la chambre. Nancy ne la quittait pour ainsi dire jamais et avait toujours les yeux ouverts. C’était un triste séjour à ce moment que la maison de Sheldon et plus d’une fois le pauvre Halliday s’excusa de l’avoir ainsi troublée. S’il eût été plus ferré sur l’histoire moderne, il se fût rappelé Charles Stuart et eût demandé pardon d’être aussi long à mourir…

Cependant l’espoir revint brusquement. Tout à coup le malade sembla reprendre des forces. Le mieux s’accentua et si bien que Georgy fut sur le point de considérer M. Burkham comme le plus savant et le plus habile des docteurs et des hommes. Son inquiétude, son doute à lui se dissipèrent, et il paraissait très-satisfait de l’état du malade.

Malheureusement cela ne dura pas. Un matin, en faisant sa visite, il crut découvrir des symptômes nouveaux qui l’effrayèrent tout à fait. Il le dit à Sheldon qui ne parut nullement partager ses craintes. Une discussion s’ensuivit et l’on vit alors clairement que Sheldon était parfaitement de force à tenir tête à la science du docteur diplômé. M. Burkham écoutait ses avis avec déférence, ne l’interrompait pas ; il n’était néanmoins qu’à demi convaincu lorsqu’il se retira. Il s’éloignait rapidement de la maison lorsqu’il s’arrêta tout à coup au coin de la rue.

« Que dois-je faire ?… se demandait-il à lui-même. Quel parti dois-je prendre ?… Si je ne me trompe pas, je serais coupable de laisser aller les choses comme elles sont ; si je me trompe, je suis perdu si j’appelle un autre confrère. »