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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

et François de Maximis, gentilshommes romains. Le premier volume qui sortit de leurs presses en 1467 fut les Épîtres de Cicéron.

En 1468, l’évêque d’Aléria Jean André écrivait au même pape, dans une dédicace placée en tête d’une édition des Épîtres et des Traités de saint Jérôme : « Que d’actions de grâces ne vous rendra pas le monde littéraire et chrétien ! N’est-ce pas une grande gloire pour Votre Sainteté d’avoir procuré aux plus pauvres la facilité de se former une bibliothèque à peu de frais et d’acheter pour vingt écus des volumes corrects que dans les temps antérieurs on pouvait avoir pour cent, quoique remplis de fautes des copistes ? »

Presque à la même époque, un nommé Uldaricus Gallus, un Allemand dont le nom d’origine était Han (en français coq, d’où gallus), s’établissait également à Rome. Son correcteur aurait été l’évêque Joannes Antonius Campanus : à la louange de l’imprimeur, le correcteur composa une épigramme qui fut insérée à la fin des Philippiques de Cicéron, éditées « par Uldaricus Gallus sans date de l’année, mais néanmoins, comme il est à croire, auparavant l’an 1470 ».

Alde Manuce naquit, en 1449, à Sermonetta près de Velletri, province de Rome ; il mourut à Venise le 6 février 1514. Après avoir enseigné le grec et le latin, il fonda à Venise, en 1490, une imprimerie, où ses héritiers allaient exercer de longues années, faisant de lui, sous le nom d’Alde l’Ancien, le chef d’une dynastie d’imprimeurs qui devait devenir célèbre. Alde Manuce, nous l’avons déjà dit, fit graver par l’orfèvre Francia un type de caractères nouveaux : ce modèle qui rappelait, affirme-t-on, l’écriture remarquable de Pétrarque, reçut d’abord le nom de « caractère aldin », puis plus tard celui d’italique[1].

Alde Manuce avait réuni autour de lui nombre de lettrés et d’artistes. Il faut surtout lui savoir gré d’avoir accueilli les savants hellènes que la chute de l’empire grec avait chassés de leur patrie. Pour échapper à la barbarie des Turcs, Lascaris, Calliergi, Musurus, sauvant de précieux manuscrits, se réfugièrent à Venise et secondèrent Alde Manuce dans ses grands travaux. À leur usage, l’imprimeur fit encore graver, par le fameux François de Bologne, les types grecs, avec lesquels il imprima, en 1497, la Grammaire grecque de Fr. Urbain Boliziano.

  1. Voir page 60.