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LES CORRECTEURS A L’ÉTRANGER
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dans laquelle il travaille d’abord en association avec Amerbach, puis seul. Cet érudit, qui édita plus de trois cents ouvrages d’auteurs anciens et modernes, acquit une grande réputation non seulement par la beauté de ses impressions, mais aussi par la pureté et la correction de ses textes. Outre Érasme, il fut aidé dans ses travaux par Wolfgang, Lachner, Œcolampade, des lettrés de premier ordre qui justifièrent la triple devise de Fröben (devise en hébreu, grec et latin). Fröben mourut en 1527, laissant à son fils Jérôme et à son gendre le soin de la réputation de son imprimerie. Nous devons à ceux-ci, aidés de Sigismond Gélénius pour la correction et la revision des épreuves, l’édition des Pères grecs qu’ils commencèrent par les ouvrages de saint Basile.

Au xvie siècle, les Wechels exercèrent à Francfort et à Paris. Les érudits reconnaissent volontiers que les éditions sorties des presses de ces imprimeurs ont une valeur particulière. Il faut dire, toutefois, que celui qui contribua le plus à rendre leurs éditions précieuses fut le correcteur « Frédéric Sylburge, un des premiers grecs et des meilleurs critiques d’Allemagne. L’erratum d’un in-folio qu’il avait corrigé ne contenait quelquefois pas plus de deux fautes ». Sylburge travailla également chez Henri Estienne.

Nous savons que, de manière générale, le Clergé séculier et régulier non seulement fut accueillant pour la découverte de Gutenberg, mais aussi en favorisa grandement les progrès. Les évêques, les abbés, les moines, les prêtres ne dédaignent point de mettre leurs connaissances intellectuelles au service de l’art nouveau ; bien plus, ils acceptent parfois d’être eux-mêmes, nous l’avons vu, des collaborateurs manuels. Ainsi dans nombre de monastères le scriptorium conventuel fait place sans transition aucune à l’officine typographique : l’abbé est le maître qui ordonne et encourage ; le prieur claustral, à l’exemple de Balthazard de Thuerd, est le directeur, le prote ; les moines sont les compagnons instruits et soumis qui patiemment mettent au jour l’œuvre entreprise.

Ainsi en fut-il pour ce merveilleux in-folio gothique dont le titre malheureusement est disparu, mais dont la page du début : Incipit Ordo Missalis secundum consuetudinem Romanæ curiæ nous renseigne