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SON INSTRUCTION
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Dans son Manuel typographique[1], Frey disait : « Un correcteur doté des qualités rares et précieuses qui constituent son aptitude typographique est déjà par cela seul un homme distingué[2]. »

De cette phrase qu’il rapporte dans le Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographe[3], Théotiste Lefevre donne le commentaire suivant : « Le prote doit mettre tous ses soins à se procurer des correcteurs qui joignent à l’érudition convenable les connaissances au moins théoriques des règles de la typographie… » « La personne qui est chargée de la lecture des épreuves et que nous supposerons connaître au moins théoriquement la composition dans tous ses détails… »

H. Fournier, un des élèves de l’illustre Firmin-Didot, écrivait de son côté, peut-être dès la première édition de son Traité de la Typographie : « Le correcteur doit posséder la connaissance imperturbable des principes de sa langue, celle de la langue latine et au moins quelques éléments de la langue grecque. Ce fonds d’instruction lui est rigoureusement nécessaire, et la plus longue expérience ne pourrait y suppléer que très imparfaitement. S’il sait, en outre, quelques idiomes étrangers, s’il s’est livré à l’étude de quelque science d’un usage habituel, telle que celle du droit ou des mathématiques, il en recueillera le fruit… Parmi les personnes chargées de l’emploi de correcteur, il en est qui sont dépourvues des notions élémentaires de la typographie… Quelque riche que soit, d’ailleurs, la culture de leur esprit, quelque habitude qu’elles acquièrent du travail de la correction, ces qualités remplaceront difficilement en elles la science pratique qui leur aura manqué d’abord. Si le correcteur ne s’est exercé préalablement à la composition, une foule d’arrangements vicieux et de dispositions contraires au goût échapperont à son inexpérience ; si, au contraire, il s’est familiarisé avec ce travail, il saura faire disparaître toutes les taches qui défigureraient une édition. »

Daupeley-Gouverneur[4] n’est pas moins explicite ni moins caté-

  1. Page 130.
  2. Frey avait ainsi du correcteur un sentiment analogue à celui de Momoro qui écrivait : « Le correcteur d’une imprimerie est une personne de talent particulièrement chargée de corriger les épreuves en premières, quelquefois en secondes… »
  3. Page 484.
  4. Le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 214.