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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

de s’assurer de la réalité de leurs capacités littéraires ; ces premiers points acquis, il est non moins indispensable pour l’Amicale de guider ses adhérents dans l’exercice de leur profession, de dissiper leurs incertitudes, de les éclairer de conseils judicieux, enfin d’écarter de leur route ces causes d’accidents dont les conséquences sont maintes fois si pénibles.

Sans doute, pour satisfaire à ces desiderata, l’Amicale a créé un organe, la Circulaire des Protes, qu’elle aurait voulu être un technique de tout premier ordre. Mais il faut avouer que jusqu’ici cette tentative n’a pas atteint pleinement le but cherché : les dissertations, les développements, les rapports sur la vie sociale de l’Amicale que l’on y rencontre ont parfois mis ce périodique en état d’infériorité manifeste sur nombre de journaux professionnels. D’autre part, alors que l’on aurait pu espérer, en raison même de la nature de la Société, recruter un nombre fort élevé de collaborateurs émérites, trop souvent on retrouve dans les colonnes les mêmes noms de rédacteurs. De ce fait, les sujets et les idées manquent de cette diversité, de cette variété qui fait le principal intérêt de tout périodique. Sur ce point, la Société a incontestablement un long effort à accomplir avant de s’estimer avoir donné satisfaction à son programme. Enfin, la Circulaire des Protes, en quelque sorte réservée aux membres de l’Amicale, est peu connue en dehors de sa sphère d’action ; elle n’a ainsi aucune influence sur les « typographes », — et, conséquemment, sur les correcteurs — non adhérents à la Société, et c’est là au point de vue du recrutement de l’Amicale, comme au point de vue de la formation professionnelle du correcteur, une lacune regrettable.

Et, dès lors que la « formation professionnelle du correcteur » a lieu en dehors et indépendamment de l’Amicale, dès lors que cette dernière accepte celui-ci sur la foi de renseignements parfois sujets à caution, dès lors qu’elle ne peut affirmer qu’il est réellement typographe et érudit, comment les efforts tentés jusqu’ici par elle pour le relèvement du prestige professionnel et l’amélioration de la situation matérielle de cet adhérent ne se heurteraient-ils pas à des obstacles redoutables ? Pour consolider, pour fortifier un mur qui menace ruine, un architecte ne commence point son travail vers le milieu de la construction. Il s’assure d’abord que la base est solide, résistante, à l’abri de toute épreuve ; s’il en est autrement, le maçon répare, reconstruit