Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épreuves latines ou grecques à un correcteur ignorant, non point jusqu’à l’alphabet grec — ce qui serait excessif, — mais les premières déclinaisons et les conjugaisons simples. Quelles erreurs de composition peut relever un tel correcteur ? Autant vaudrait s’abstenir de toute lecture. À défaut d’autre profit, le patron aurait au moins l’économie d’un simulacre de vérification.

Nombre de correcteurs ne veulent point reconnaître la nécessité où ils se trouvent d’entretenir les connaissances acquises autrefois au collège, au lycée, au séminaire. Relire un De Viris, arrêter de temps à autre son esprit sur un Virgile, parcourir un Homère sont à leurs yeux choses superflues. Combien plus inutiles, dès lors, à leur sens, le mot à mot d’un thème élémentaire, la traduction occasionnelle d’une ode d’Horace, d’une métamorphose d’Ovide, ou une rédaction sur un sujet pris au hasard. Cependant, le niveau de leur bagage littéraire baisse insensiblement. Après un long intervalle, vienne un labeur de langue grecque ou latine, et ces correcteurs sont tout étonnés de leurs hésitations, des lacunes de leur mémoire, de leurs erreurs. Même pour les expressions courantes le secours du dictionnaire leur est indispensable.

Pour n’avoir point lu, pour n’avoir plus étudié, pour s’être persuadés que leur mémoire conserverait fidèlement, et sans aucune aide, le bagage littéraire et scientifique acquis à l’école, ces correcteurs ont perdu une part de ce qui constituait leur valeur professionnelle : « ils ne connaissent plus la langue dans laquelle est composé l’ouvrage dont la correction vient de leur être occasionnellement confiée ».


C. — Le correcteur et l’orthographe


Il faut que le correcteur entende très bien l’orthographe.

« L’orthographe, dit le Dictionnaire de l’Académie, est la manière d’écrire les mots correctement selon l’usage établi. »

Le premier devoir du correcteur est donc d’acquérir les moyens nécessaires pour écrire correctement, ou, les ayant acquis, de les développer et surtout de les conserver.