Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/232

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masculin. On écrit et on compose volontiers rénunérateur pour rémunérateur, succint pour succinct, occurence pour occurrence, etc.

« Il y a si longtemps que le maître d’école a enseigné qu’apercevoir ne prend qu’un seul p, que l’on serait tenté d’excuser ceux qui écrivent appercevoir ; d’autres veulent nourrir avec un seul r, mais par compensation ils en mettent deux à courir.

« Les règles d’accord de plusieurs adjectifs, de tout et de même en particulier, ne sont pas toujours observées. Quelques-uns écrivent avec persistance toute entière, peut-être parce que cette expression est employée fréquemment.

« Les verbes ne présentent pas moins d’erreurs d’orthographe. Voici, entre beaucoup d’autres, une règle que l’on est surpris de trouver très méconnue : les verbes comme accélérer prennent un e ouvert devant une syllabe muette (j’accélère), excepté au futur et au conditionnel où ils conservent l’e fermé ; on dit : j’accélérerai et non j’accélèrerai ; par contre, on écrit : je sème et je sèmerai.

« L’addition de i après y aux deux premières personnes du pluriel de l’imparfait de l’indicatif et du présent du subjonctif dans les verbes qui se terminent à l’infinitif par oyer, ayer, uyer établit entre ces deux temps et le présent de l’indicatif une distinction qui échappe à beaucoup. Par contre, il en est qui classent, sans s’en douter, les auxiliaires avoir et être dans la catégorie précitée, en écrivant : que nous ayions, que vous soyiez

« L’accord du verbe avec son sujet ne présente guère de difficultés ; mais il arrive cependant que la construction de la phrase laisse violer les règles qui le régissent. La faute ne frappe pas toujours l’attention de l’écrivain surtout avec les verbes de la première conjugaison.

« Il convient d’ajouter que la correction avec teneur de copie — qui très souvent offre le maximum de garanties — a dans ce cas et dans d’autres analogues l’inconvénient de frapper l’oreille au détriment de l’œil. Ainsi le correcteur devra se méfier des consonnances et des liaisons : de graves erreurs, que l’on attribue à tort à un manque d’attention ou de connaissances, sont imputables en réalité à une lecture hâtive exécutée dans de mauvaises conditions, et incombent parfois à tout autre qu’au correcteur. L’influence de cette cause d’erreurs — consonnance ou liaison — se fait sentir encore davantage dans les phrases où n s’impose à la suite de on. Voici, à titre d’exemple,