Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/234

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Le correcteur doit en effet avoir une mémoire particulièrement active et bien meublée ; cette mémoire ne doit jamais hésiter pour l’accentuation, l’orthographe de tous les termes courants ; et son effort doit être constant pour la possession des mots à composition quasi-similaire :

portecrayon, porte-plume,
extrajudiciaire, extra-parlementaire,
mainmise, main-d’œuvre,
main courante, main-forte,
libre penseur, libre-échange,
faux bond, faux-bourdon,
contreseing, contre-scel,
contrepoids, contre-pied.

Le correcteur doit se souvenir des moindres irrégularités d’orthographe, pourtant si nombreuses, que donne la dérivation des mots même usuels :

Abattre donne : avec deux t, abattement, abatteur, abatture, abattoir ; avec un t, abatage, abatis ;
xxxx Bon : bonasse, débonnaire ;
xxxx Canton : cantonner, cantonnement, cantonnier et cantonal ;
xxxx Char : chariot et charrette, charron, charrois ;
xxxx Don : donateur et donner, donnée ;
xxxx Courir : coureur et courrier ;
xxxx Million : millionième et millionnaire ;
xxxx Patron : patronage et patronner, patronnesse ;
xxxx Nom : nommer, surnommer, nominal, innomé, etc.

III. Si la mémoire lui fait défaut, si par un hasard extraordinaire le correcteur ignore l’orthographe correcte, pour lui point de ressource autre que celle de faire appel au dictionnaire, non point à n’importe quel dictionnaire, mais à un dictionnaire qui jouisse d’une autorité incontestée.

« Un de nos maîtres les plus compétents en matière typographique, M. H. Fournier, écrivait il y a de longues années : « C’est le Dictionnaire de l’Académie qui doit prévaloir en imprimerie pour toutes les questions orthographiques. Faute de se soumettre à cette autorité, quoique défectueuse sur certains points, on tomberait bientôt dans des incertitudes et des irrégularités qui engendreraient à cet égard une véritable anarchie. » Ces lignes mettaient en valeur deux