Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/277

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Quelle erreur certes est la sienne ! Encore une fois, un tel correcteur ne remplit que la moitié de sa tâche : il n’est point un guide, puisqu’au lieu d’enseigner et de redresser les erreurs des autres il est dans l’obligation de se faire instruire lui-même.

Et, après ce qui précède, peut-on encore poser cette énervante question : Que lit le correcteur, surtout le correcteur tierceur ? Une description d’une machine double, une étude des avantages de la machine deux tours, une comparaison de l’encrage cylindrique, de l’encrage mixte et de l’encrage plat, une démonstration du fonctionnement d’un margeur automatique ou une nomenclature des différents systèmes de ces appareils en usage actuellement ? — Ce serait pousser trop loin une indiscrète curiosité. Ce serait, sans doute aussi, donner à trop d’envieux l’occasion de faire remarquer et de prouver la nullité du correcteur sur nombre de questions qui pourtant sont pour notre profession des questions primordiales. Ce serait enfin l’occasion de faire répéter, encore une fois, que « le correcteur à notre époque vit trop en dehors de la typographie ». Mais, on nous le concédera sans discussion possible, ce serait faire toucher du doigt la nécessité absolue pour le correcteur « d’incessantes lectures pour conserver, pour entretenir et surtout pour augmenter, à l’instar de ses compagnons de travail, ses connaissances typographiques, ses capacités professionnelles ».

Quelques-uns objecteront qu’il est des exceptions à ce tableau un peu sombre. Nous le reconnaîtrons volontiers ; mais non moins volontiers, pensons-nous, ceux-là mêmes qui critiquent aujourd’hui notre sentiment admettront que trop souvent l’attention du correcteur se porte sur des études étrangères à la corporation. A.-T. Breton[1], que nous avons pris plaisir à citer à maintes reprises, fait de ce travers d’esprit une critique humoristique assez plaisante : « Esclave de l’étude ou de l’ambition qu’elle lui suggère, trop pour être si peu, trop peu pour être quelque chose, la vie du correcteur n’est que labeur et déception. Obligé de travailler pour vivre, il ne peut faire que pour cela ; le peu de temps qui lui reste il le passe en méditations vaga-

  1. Physiologie du Correcteur d’imprimerie, p. 47.