Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/323

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emprunté à Brun : pour le folio verso, les corrections figurent sur la marge extérieure (gauche) ; pour le recto, également sur la marge extérieure (droite).

— Didot le Jeune, Bertrand-Quinquet, Th. Lefevre — et, après eux, D. Greffier[1], en compagnie de quelques autres dont nous regrettons d’ignorer les noms — se sont bornés à rappeler, sans rien plus, une règle empruntée aux auteurs qui les ont précédés. Mais quelles raisons obligèrent nos ancêtres à observer cette prescription, voilà qui eût été intéressant à élucider. Ces raisons, d’ailleurs, n’apparaissent point aux esprits peu avertis des antiques méthodes typographiques : c’est qu’en effet l’usage rappelé par Didot, Brun, Th. Lefevre et Tassis paraît inexplicable. Au cours de la lecture, l’œil et la main vont, naturellement, et cela sans gêne de l’œil par la main, de la gauche vers la droite : ainsi, en inscrivant, pour les pages recto, les corrections sur la marge de droite, la main continue un mouvement naturel, auquel l’œil collabore aisément. Tout au contraire, lorsqu’il est nécessaire, pour les pages verso, de reporter les corrections sur la marge de gauche, le retour de la main vers ce point cause un sentiment de gêne, alors que l’œil voudrait poursuivre vers la droite. — Une seule explication paraît plausible de cette indication de la « marge de gauche (lorsqu’il s’agit des pages verso) pour l’inscription des corrections » : durant une longue période la lecture typographique se fit exclusivement sur des épreuves mises en pages et imposées ; il semble dès lors tout naturel que nos prédécesseurs aient, pour inscrire leurs corrections, préféré dans les pages paires la marge de gauche beaucoup plus grande que celle de droite (petits fonds).

II. — Il ne faut pas croire, d’ailleurs, que tous les auteurs typographiques se sont conformés à la règle mise en pratique par Bertrand-Quinquet et Brun et rappelée par Th. Lefevre. Pour des raisons ici encore inconnues — car sur ce sujet le silence paraît devoir être un mot d’ordre pour tous — nombre de manuels ont cru devoir ignorer ou négliger cette règle.

V. Breton, dans son Cours élémentaire de Composition typographique, ne dit mot de la place des signes ou des corrections reportés dans les marges. Le lecteur se souvient que le protocole imprimé sur un recto porte les corrections dans la marge intérieure, soit à gauche[2].

  1. Une remarque est nécessaire ici : les protocoles de correction de Brun-Tassis et Greffier se conforment rigoureusement aux habitudes d’antan qu’ils rappellent ; par contre, celui de Th. Lefevre, imprimé pages 541 et 542 du Guide du Compositeur, présente une particularité bizarre : la première page (p. 541), page impaire ou recto, porte ses corrections dans la marge intérieure, sur la gauche ; pour la deuxième page (p. 542), page paire ou verso, les corrections figurent également dans la marge intérieure, sur la droite. Au lecteur qui s’étonne de cette contradiction par trop flagrante avec les prescriptions du texte, un simple mot placé dans le titre « Texte à corriger » apprend que la page impaire 541 est un verso, et la page paire 542 un recto !
  2. Afin d’éviter au lecteur des recherches inutiles, nous rappelons ici et dans les