Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/392

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faire une seconde ou une troisième épreuve pour l’auteur de l’ouvrage ou pour le directeur de l’imprimerie, quelquefois même une quatrième quand la précédente se trouve encore trop chargée de fautes, ou qu’il est survenu des changements[1]. » Il est d’ailleurs d’usage que ces feuilles avant leur retour à l’éditeur ou à l’auteur, soient revues par un correcteur reviseur, qui s’assure que les indications de l’écrivain ont été rigoureusement suivies[2].

La dernière épreuve soumise à l’auteur a reçu le nom de bon à tirer, expression indiquant que le travail, après le visa de l’écrivain, sera prêt pour le tirage. — L’usage veut que le maître imprimeur fasse de cette épreuve une lecture soignée : c’est la lecture en secondes ou en bon à tirer ou, plus simplement, en bon[3].

Alors que le volume est sous presse, avant le tirage, une nouvelle épreuve est faite : c’est la tierce, ou troisième épreuve, spécialement destinée au correcteur tierceur.

Après chacune de ces lectures, au cas où le nombre des corrections serait exagéré, le correcteur a le droit, s’il le juge nécessaire pour sauvegarder sa responsabilité personnelle, d’exiger une revision, c’est-à-dire une nouvelle épreuve lui permettant de vérifier si les corrections ont été réellement et convenablement exécutées. Toutes les imprimeries considèrent comme obligatoire la revision,

  1. Traité de l’Imprimerie, p. 110-111.
  2. « Tant au point de vue des bons rapports avec le client que pour maintenir la réputation d’une Maison, il est indispensable que les prescriptions de l’écrivain soient exécutées rigoureusement : c’est par l’exactitude et le soin avec lesquels une imprimerie exécute les plus minimes modifications qui lui sont demandées, qu’elle affirme le souci des intérêts qui lui sont confiés et qu’elle justifie et affermit sa renommée. »
  3. Quelques auteurs font, entre ces deux expressions, une distinction que nous tenons à rappeler ici. D’après eux, « lire en secondes veut dire vérifier les corrections de première et redresser les fautes de style et d’orthographe avant que l’épreuve soit envoyée à l’auteur » ; « lire en bon à tirer, c’est revoir une dernière épreuve corrigée d’après les indications de l’auteur, pour s’assurer que celles-ci ont été bien observées, — extraire les mauvaises lettres, — vérifier les folios et les signatures, — veiller, en un mot, à ce que la composition soit aussi correcte que possible ».

    La lecture en secondes telle qu’elle est définie ici n’est, à notre sens, qu’une simple revision. Le correcteur ne saurait, « pour redresser les fautes de style et d’orthographe », attendre cette deuxième épreuve : la rectification de ce genre d’erreurs est une des attributions qui constituent le principal devoir d’un correcteur de premières.

    Il faut remarquer, en outre, que le rôle du correcteur en bon à tirer tel qu’il est défini par cet écrivain est surtout celui d’un simple vérificateur de corrections et non point celui d’un correcteur.