Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/396

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cherchent à annihiler l’initiative de leur correcteur, à restreindre le champ de son activité à la recherche pure et simple des coquilles, à limiter son attention à l’apurement des mauvaises lettres. Ces « donneurs d’ordres » agiraient plus sagement en conseillant à leur collaborateur de noter sur une fiche spéciale les anomalies rencontrées au cours de la lecture, anomalies auxquelles la nature spéciale du sujet ne lui a pas permis de donner une solution. Cette fiche serait jointe aux premières épreuves adressées à l’auteur ; elle solliciterait de manière particulière son attention ; elle lui éviterait maints oublis ; enfin, elle dispenserait l’imprimeur de retourner à un auteur toujours un peu pointilleux un questionnaire souvent ennuyeux ou de lui adresser une demande délicate.

Cette dernière manière d’agir est certes, et de beaucoup, préférable à celle du chef qui, par mauvais vouloir, par ignorance, par indifférence et, il faut le dire aussi, par dédain de la remarque faite par un simple correcteur, déclare se retrancher derrière un bon à tirer. Alors que la première attitude inspire à l’auteur un peu de reconnaissance pour le soin apporté à son travail, cette autre, « venue de haut », n’est qu’un exemple regrettable dont en d’autres circonstances certains intéressés imiteront trop facilement la déplorable morale ; elle ne donne satisfaction à aucun de ces intérêts communs dont nous parle Daupeley-Gouverneur : sauvegarder les droits du compositeur, dégager la responsabilité du correcteur, satisfaire les exigences légitimes de l’auteur, enfin ne rien négliger de ce qui importe aux intérêts de la Maison.

II. Lors de la remise du manuscrit qui lui est faite, le correcteur de premières doit se renseigner auprès du prote, ou de la personne qui a reçu le manuscrit ou l’a préparé, de l’orthographe arbitraire exigée par l’auteur pour certains mots. Un correcteur soigneux considérera comme un devoir de se faire remettre une note contenant les diverses indications relatives à l’emploi, qui a pu être demandé, de l’italique, des caractères gras, des majuscules, des abréviations, etc. Il y fait joindre une échelle de grosseur des caractères acceptés pour les titres. Cette note doit être conservée avec soin : elle sera toujours d’un précieux secours dans les cas douteux, lorsque la préparation du manuscrit aura été insuffisante ou par trop rapide ; elle aidera,