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discutant cette question du travail des correcteurs, le Syndicat des Correcteurs de Berlin, après un long examen, reconnaissait « qu’un bon correcteur devait suffire au travail de dix à douze compositeurs », et faisait de cette opinion l’objet d’un article de son tarif syndical.

c) À l’exemple de leurs collègues berlinois, les correcteurs parisiens réunis en syndicat ont étudié cette question. L’article 1er de leur Tarif décide : « Un correcteur ne peut accepter de lire en premières typographiques le travail de plus de douze compositeurs à la main ou de quatre opérateurs linotypistes[1]. »

Que les patrons veuillent bien le reconnaître, au moins une fois : le travail de la correction exige « à notre époque beaucoup plus d’activité, de rapidité qu’autrefois, — et cela en raison de la fièvre de production qui dévore le monde de la presse et du peu de temps dont on dispose souventes fois entre la composition et l’impression ».

Les maîtres imprimeurs estiment cependant que le correcteur « n’en fait jamais assez » ; à leur encontre, les ouvriers réclament et veulent imposer une limite. Les deux partis souvent ne sont pas d’accord.

En était-il de même autrefois ?

Dans certains ateliers, le contrat de travail n’était point un leurre comme trop souvent aujourd’hui. On y déterminait soigneusement les attributions de l’employé, son temps de présence à l’atelier, son salaire, les avantages particuliers qui lui étaient alloués et les obligations de l’employeur à son égard. Les « livres de raison » ou, plutôt, les livres de comptes qui nous ont été conservés sont fort explicites à cet égard.

L’un des plus curieux et des plus complets sous ce rapport est assurément le livre de comptes de Plantin, le célèbre imprimeur d’Anvers. Au milieu d’un certain nombre de résumés de contrats ouvriers, ce livre contient quelques pièces relatives à des correcteurs. Nous verrons, dans un chapitre ultérieur de ce travail, quel fut le contrat du savant Kiliaan[2]. Un autre contrat n’est pas moins instructif pour la question qui nous occupe ici : « Mathieu Ghisbrechts vint

  1. Bulletin du Syndicat des Correcteurs typographes de Paris et de la Région parisienne, mars 1919.
  2. Voir chap. xii, p. 503.