Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/444

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mais combien de fois aucun de ces soins n’a-t-il été pris ? Un excès de méfiance ne nuit jamais cependant en ces matières[1].

S’il s’agit d’un journal, ou d’une revue d’importance relative, on pourra se montrer moins méticuleux. L’imposition reconnue exacte, et le conducteur averti dans le cas contraire, on vérifie le numéro de la publication, sa date, sa périodicité à cause de la poste, les signatures, celles des encarts, les folios, les titres courants, les réclames diverses comme suite au numéro précédent ; on examine rapidement les clichés, les gravures et leurs légendes, les annonces ; puis, on vérifie soigneusement si toutes les corrections ont été bien exécutées ; enfin, on donne un coup d’œil sur les bords de pages ou de colonnes, sur l’ensemble du texte, et on remet la tierce au corrigeur. Presque toujours ces soins suffisent pour ce genre de publications.

La première feuille tirée, le tierceur agira sagement en se faisant remettre un exemplaire, qui lui servira d’étalon pour les feuilles suivantes, surtout lorsqu’il aura la mission de vérifier les blancs.
xxxx Un exemplaire de chaque feuille de l’ouvrage lui serait même particulièrement utile pour suivre de près les différents numérotages dont il a à assurer la vérification.

Dans tous les cas, le tierceur a le droit et, en maintes circonstances, le devoir d’exiger une revision de tierce, lorsque le corrigeur a effectué les corrections et que le conducteur se déclare entièrement prêt pour le tirage. Cette revision est jointe, pour être conservée, à la tierce proprement dite, mais elle seule porte la mention bon à tirer donnant

  1. L’article 12 du Règlement de l’imprimerie Plantin, auquel nous avons déjà fait allusion à maintes reprises, comporte au sujet de la tierce des prescriptions que nombre d’imprimeurs auraient intérêt à mettre en vigueur dans leurs ateliers : « L’ouvrier chargé du maniement des presses tirait la prime et la retiration. Il était responsable de tout le travail de ses presses et devait avertir le maître de tous les dégâts. Les imprimeurs venaient à l’ouvrage le matin entre cinq et six heures. Avant de se mettre à la besogne, ils devaient attendre que la revision fût collationnée et toutes les fautes corrigées. Leur travail commençait à sept heures. Pendant l’impression ils devaient avoir soin d’abaisser les espaces et les cadrats et d’enlever les taches et autres saletés, ainsi que les barbes du papier, et de fournir un travail aussi propre que possible. Si, on imprimant, quelques lettres se cassaient ou tombaient, l’imprimeur devait les remplacer ou les réparer immédiatement ou obtenir des compositeurs qu’ils le fassent pour lui. En présentant au correcteur la première feuille imprimée, l’imprimeur devait lui indiquer l’endroit où des lettres cassées avaient été remplacées. Sous peine de 3 deniers d’amende. »