Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/473

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sans cesse à ses religieux : « Écrivez ! une lettre tracée dans ce monde vous sauve un péché dans le Ciel. » Mais les mérites que les moines escomptaient de ce pieux travail ne leur paraissaient point suffisants pour le salut de leur âme, et ils ne négligeaient aucune occasion de solliciter les prières de leurs frères terrestres.

Presque à la même époque où M. J. Claye prononçait les paroles que nous avons rapportées plus haut, le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle de P. Larousse rappelait, dans son tome V, cette pensée de Balzac, déjà citée dans une autre partie : « À Paris, il se rencontre des savants parmi les correcteurs. » Pour l’honneur de la corporation, nous voulons croire que dans sa pensée le Tourangeau Balzac ne séparait point la province de la capitale : où bat le cœur de notre patrie, la France vit tout entière.

Le sentiment des rédacteurs du Nouveau Larousse illustré était assurément le même que celui de leurs prédécesseurs du Grand Dictionnaire, lorsqu’ils écrivaient : « Le correcteur est le plus précieux auxiliaire des écrivains et des imprimeurs. Aussi bien les plus célèbres d’entre eux furent-ils toujours unanimes à reconnaître son mérite. C’est ainsi qu’après Firmin-Didot P. Larousse appelait les correcteurs ses collaborateurs les plus chers[1], et que V. Hugo ne dédaignait pas de rendre un juste hommage à ces « modestes savants », si habiles à « lustrer les plumes du génie »…

Les véritables savants nous paraissent unanimes à reconnaître et à apprécier à une haute valeur les réelles qualités du correcteur. Egger[2] résume heureusement cette opinion dans les lignes suivantes : « Comment quitter ce sujet de la correction des livres sans saluer d’un témoignage d’estime les utiles auxiliaires de la littérature et de la librairie qu’on appelle les correcteurs ?

« Avez-vous songé quelquefois à ces hommes laborieux qui, près des ateliers, de composition et des machines d’imprimerie, relisent

  1. Aussi ne faut-il point s’étonner de voir ce même Pierre Larousse écrire, dans l’« Achevé d’imprimer » du Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, à l’instar des éditeurs du xve et du xvie siècle : « Enfin, nous ne devons pas oublier M. Charles Bournot, metteur en pages et chef de l’atelier de composition, ainsi que MM. Eugène Boutmy, A. Bernier et F. Lhernault, correcteurs, dont le zèle constant et éclairé a beaucoup contribué à la bonne exécution du travail. » (Aux Lecteurs du « Grand Dictionnaire », t. XV, p. 1528.)
  2. Egger, Histoire du Livre, p. 244.