Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/518

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… « Et ce pour et moyennant le prix et somme de quatre cens livres tournois. Lequel prix lesdicts de la Porte, de Gabiano, Vincent et Joncte, tous ensemble et chacun d’eux seul et pour le tout sans division, confessent debvoir audit de Villeneufve pour cause du présent marché et promettent les luy payer assavoir présentement cinquante livres tournois, lesquelles les ayant payé comptant et réallement, desquelles cinquante livres il s’est tenu pour content et le reste assavoir, en fin de chacun volume corrigé et rendu, cinquante livres et le surplus, en fin de ladite œuvre et répertoire parachevé, promettent lesdites parties d’une part et de l’aultre pour eulx et les leurs, par leurs sermens et sous obligation et ypothèque de tous leurs biens, avoir agréable, tenir et accomplir chacune partie en droit soy tout le contenu en ces présentes sans jamais contrevenir sur payne de tous cousts, despens, dommaiges et intérests, eulx soubsmectans à toutes cours Royaulx de sénéchaucée, offte séculier audit lieu et aultres renoncants. » « Fait à Lion, en la maison d’habitation dudit Lucembourg, le lundy quatorziesme jour de février l’an mil cinq cens quarante. Présents, Gaspard Tressel, marchant libraire, et Jehan Rambert, tournier, habitant dudit Lion[1]. »

Suivant les évaluations de M. d’Avenel, les 400 livres accordées à Me Michel de Villeneuve, docteur en médecine, représenteraient, au taux de notre monnaie de 1905, une somme de 5.350 francs environ[2]. L’œuvre ayant paru en 1542, Me de Villeneuve, pour accomplir la tâche qu’il avait acceptée, travailla pendant trente mois environ.

Il nous paraît certain — prenant la liberté d’anticiper quelque peu sur les événements — que les prescriptions royales ultérieures sur le « faict des salaires » dans l’imprimerie ne furent jamais applicables au « prélecteur », au « collationneur », non plus qu’au « correcteur d’imprimerie » ou au prote : les divers édits, les ordonnances, les lettres patentes, les arrêts du Conseil du roi qu’il nous a été donné de consulter n’indiquent point pour le correcteur, comme ils le firent à maintes époques pour les compagnons, le taux maximum au delà duquel le maître ne peut engager un ouvrier ; toujours, à notre sens, le tarif des

  1. Baudrier, 7e série, p. 265-266.
  2. En 1923, les 400 livres de 1540 équivaudraient à peu près, croyons-nous, à 17.000 francs.