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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

heureux des concours qu’elle lui a valus, remercie ses collaborateurs, comme le firent les imprimeurs de Paris et de Lyon. Nous nous bornerons à quelques exemples.

En 1491, Pierre Alain et André Chauvin, installés à Angoulême, impriment en cette ville le traité classique des Huit Auteurs (Auctores octo), qu’ils signent ainsi : Correctorum impressorumque Engolisme die XVII mensis Maii, anno Domini MCCCCLXXXXI.

Le célèbre monastère de Cîteaux commande, en 1491, à Pierre Metlinger qui vient d’arriver à Dijon, la Collectio privilegiorum Ordinis Cisterciensis. L’imprimeur termine de la manière suivante ce livre, un in-4o gothique de 196 feuillets : Emendatissime et integerrime impressum Divione per magistrum Petrum Mellinger…

En 1494, Wensler exécute à Mâcon un Diurnal dont la suscription est conçue en ces termes : Magna cum diligentia revisum, fideliterque emendatum et impressum in civitate Matiscontnsi…

Simon Pourcelet, qui, suivant nombre d’auteurs, fut le prototypographe établi à demeure à Tours[1], imprime, de 1491 à 1494, un Bréviaire à l’usage de la basilique Saint-Martin de Tours, qu’il signe ainsi : Exaratum elaboratumque est perpulchre et artificiose Turonis, per Symonem Pourcelet…

Le colophon de ce Bréviaire — dont l’exécution fort coûteuse aurait, paraît-il, ruiné Pourcelet — ne nous donne point le nom des correcteurs qui assumèrent le soin de veiller à la pureté du texte. Le Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin comble cette lacune : Ad communicandum cum eodem domino confessore et reperiendum exemplar correctum juxta cujus litteram hujusmodi breviaria imprimantur, vene-

  1. Nous avons vu (p. 31) que Maittaire, le savant auteur des Annales typographiques, émet l’opinion que Tours aurait été, en France, la première ville ayant eu connaissance (en 1467) de l’art de Gutenberg. Cette opinion a été ardemment combattue ; les adversaires de l’opinion de Maittaire ont reculé jusqu’à l’année 1493 la date à laquelle l’imprimerie fit son apparition dans la capitale de la Touraine. Mais, à l’encontre de cette prétention, il paraît certain qu’en 1485 — par conséquent bien avant Simon Pourcelet — des typographes étrangers à la ville imprimèrent à Tours, à l’aide du matériel qu’ils transportaient dans leurs pérégrinations, un Missel déjà publié par eux, à Chartres, deux années plus tôt.