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CHAPITRE XIII.

ce sage possède plusieurs centaines de kôṭis de qualités ; il faudrait plus que des centaines de Kalpas pour en faire l’énumération.

Encore autre chose, ô Mañdjuçrî : le Bôdhisattva Mahâsattva qui, lorsque le Tathâgata est entré dans le Nirvâṇa complet, à la fin des temps, quand a péri la bonne loi, le Bôdhisattva, dis-je, qui expose ce Sûtra, n’est ni envieux, ni fourbe, ni trompeur. Il ne dit pas d’injures aux autres personnages qui sont entrés dans le véhicule des Bôdhisattvas ; il ne les blâme pas, il ne les déprime pas. Il ne reproche pas leur mauvaise conduite aux autres Religieux et fidèles des deux sexes, ni aux personnages qui sont entrés dans le véhicule des Pratyêkabuddhas, ou dans celui des Bôdhisattvas. Il ne leur dit pas : Vous êtes bien éloignés, ô fils de famille, de l’état suprême de Buddha parfaitement accompli ; vous ne vous y montrez pas arrivés ; livrés comme vous l’êtes à une excessive légèreté, vous n’êtes pas capables d’acquérir la connaissance complète de la science du Tathâgata. Il n’emploie pas ce langage pour reprocher ses fautes à celui, quel qu’il soit, qui est entré dans le véhicule des Bôdhisattvas. Il ne prend pas plaisir aux discussions sur la loi, il ne fait pas de la loi un objet de dispute. À l’égard de tous les êtres, il n’abandonne pas la force de la charité ; à l’égard de tous les Tathâgatas, il se les représente comme des pères ; f. 153 b.à l’égard de tous les Bôdhisattvas, il se les représente comme des maîtres. Tous les Bôdhisattvas Mahâsattvas qui se trouvent dans le monde, dans les dix points de l’espace, il ne cesse de les honorer de ses attentions et de ses respects. Quand il enseigne la loi, il n’enseigne ni plus ni moins que la loi, n’obéissant qu’à l’attachement impartial qu’il a pour elle ; et lorsqu’il est occupé à en faire l’exposition, il n’accorde pas à qui que ce soit une preuve de bienveillance plus grande qu’à un autre, fût-ce même par attachement pour la loi.

Telle est, ô Mañdjuçrî, la troisième condition dont est doué le Bôdhisattva Mahâsattva qui, lorsque le Tathâgata est entré dans le Nirvâṇa complet, à la fin des temps, quand a péri la bonne loi, expliquant cette exposition de la loi, et montrant quels sont les contacts agréables, vit dans ces contacts, et explique, sans être en butte à la violence, cette exposition de la loi. Et il aura des compagnons dans ces assemblées de la loi, et il lui naîtra des auditeurs de la loi qui écouteront l’exposition qu’il en fera, qui y auront foi, qui la comprendront, la saisiront, la répéteront, la pénétreront, l’écriront,