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CHAPITRE XV.

fils de famille, ont été miraculeusement produits par moi dans l’exposition et l’enseignement de la loi, par l’effet de l’habileté dans l’emploi des moyens dont je dispose. Il y a plus, ô fils de famille, le Tathâgata, après avoir reconnu les mesures diverses d’énergie et de perfection des sens qu’ont possédées les êtres qui se sont succédé pendant ce temps, prononce en chacun [de ces Tathâgatas] son propre nom, expose en chacun d’eux son propre Nirvâṇa complet, et, de ces diverses manières, il satisfait les créatures par différentes expositions de la loi. Alors, ô fils de famille, le Tathâgata parle ainsi aux créatures qui ont des inclinations diverses, qui n’ont que peu de racines de vertu et qui souffrent f. 170 b.de beaucoup de douleurs : Je suis jeune d’âge, ô Religieux ; il n’y a pas longtemps que je suis sorti [de la maison], que je suis parvenu à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Mais si le Tathâgata, ô fils de famille, depuis si longtemps parvenu à l’état de Buddha parfait, s’exprime ainsi : « Il n’y a pas longtemps que je suis parvenu à l’état suprême de Buddha parfait, c’est uniquement dans le dessein de conduire les créatures à la maturité et de les convertir, c’est pour cela qu’il fait cette exposition de la loi. Toutes ces expositions de la loi, ô fils de famille, sont faites par le Tathâgata pour discipliner les créatures ; et les paroles, ô fils de famille, que prononce le Tathâgata pour discipliner les créatures, soit qu’il se désigne lui-même, soit qu’il désigne les autres, soit qu’il se mette lui-même en scène, soit qu’il y mette les autres, en un mot, tout ce que dit le Tathâgata, tout cela et toutes ces expositions de la loi sont faites par le Tathâgata conformément à la vérité. Il n’y a pas là mensonge de la part du Tathâgata. Pourquoi cela ? C’est que le Tathâgata voit la réunion des trois mondes telle qu’elle est ; ce monde, [à ses yeux,] n’est pas engendré ; et il ne meurt pas ; il ne disparaît pas et il ne naît pas ; il ne roule pas dans le cercle de la transmigration, et il n’entre pas dans l’anéantissement complet ; il n’a pas été, et il n’est pas n’ayant pas été ; il n’est pas existant, et il n’est pas non existant ; il n’est pas ainsi, et il n’est pas autrement ; il n’est pas faussement, et il n’est pas réellement ; il n’est pas autrement, et il n’est pas ainsi ; c’est de cette manière que le Tathâgata voit la réunion des trois mondes : en un mot, il ne la voit pas comme la voient les hommes ordinaires(170 b) et les ignorants. Aussi possède-t-il, f. 171 a.de la manière la plus certaine, les conditions de ce sujet, et aucune n’échappe à son attention. Les paroles quelles qu’elles soient que le Tathâgata prononce sur ce sujet sont toutes vraies et