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CHAPITRE XV.

et ne voyant pas le Tathâgata, ils auront soif de le voir. Ces racines de vertu produites par la conception d’une pensée dont le Tathâgata est l’objet, leur deviendront pour longtemps une source d’avantages, d’utilité et de bonheur. Voyant cela, quoique le Tathâgataf. 172 a. n’entre pas dans le Nirvâṇa complet, il annonce aux êtres son Nirvâṇa, en vertu de la volonté qu’il a de les convertir. C’est là, ô fils de famille, l’exposition de la loi que fait le Tathâgata ; quand il parle ainsi, il n’y a pas alors mensonge de sa part.

C’est, ô fils de famille, comme s’il y avait un médecin instruit, habile, prudent, très-expert à calmer toute espèce de maladie. Que cet homme ait beaucoup d’enfants, dix, vingt, quarante, cinquante, cent, et qu’il soit parti pour faire un voyage ; que tous ses enfants viennent à être malades d’un breuvage vénéneux ou de poison, qu’ils éprouvent des sensations de douleur causées par ce breuvage ou ce poison, et que brûlés par ce breuvage ils se roulent par terre. Qu’ensuite le médecin leur père revienne de son voyage ; que tous ses enfants soient souffrants de ce poison ou de cette substance vénéneuse ; que les uns aient des idées fausses, et les autres l’esprit juste. Que tous ces enfants souffrant également de ce mal, à la vue de leur père, soient pleins de joie, et lui parlent ainsi : Salut, cher père, tu es heureusement revenu sain et sauf et en bonne santé ; délivre-nous donc de ce breuvage ou de ce poison qui détruit notre corps, et donne-nous la vie. Qu’ensuite le médecin, voyant ses enfants souffrants de ce mal, vaincus par la douleur, brûlés, se roulant f. 172 b.par terre, après avoir préparé un grand médicament doué de la couleur, de l’odeur et du goût convenables, et l’avoir broyé sur une pierre, le donne en boisson à ces enfants et leur parle ainsi : Buvez, mes enfants, cette grande médecine qui a de la couleur ; de l’odeur et du goût ; après avoir bu, mes enfants, cette grande médecine, vous serez bien vite délivrés de ce poison, vous reviendrez à la santé, et vous n’aurez plus de mal. Alors que ceux de ces enfants dont les idées ne sont pas fausses, après avoir vu la couleur de ce médicament, après en avoir flairé l’odeur, et savouré le goût, le boivent aussitôt et qu’ils soient complètement, entièrement délivrés de leur mal. Mais que ceux de ces enfants dont les idées sont fausses, après avoir salué leur père, lui parlent ainsi : Salut, cher père, tu es heureusement revenu sain et sauf et en bonne santé ; donne-nous la guérison ; qu’ils prononcent ces paroles, mais qu’ils ne boivent pas la médecine qui leur est présentée. Pourquoi cela ? C’est que par suite de