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NOTES.

CHAPITRE V.

f. 68 a.Dût-on exister.] J’ai traduit d’après le manuscrit de la Société asiatique qui lit bhâvyamânâiḥ, forme incorrecte à laquelle je donnais le sens d’un futur de bhû; mais les deux manuscrits de M. Hodgson ont une bien meilleure leçon, celle de bhâchyamâṇâiḥ. Il est évident que le व्य du premier manuscrit est une faute de copiste pour ष्य, ces deux groupes pouvant aisément se confondre dans l’écriture du Népâl. Il faut donc traduire, « dût-on parler. »

Il les dépose de manière que ces lois arrivent au rang.] Cette expression n’est pas claire, mais l’obscurité vient du système de littéralité que je me suis fait un devoir de suivre. Que veut dire le texte ? C’est que l’enseignement d’un Buddha est homogène, comme l’eau qui tombe d’un nuage, quelles que soient les plantes sur lesquelles elle tombe, et que partout cet enseignement atteint à son but. Quel est le but ? C’est de sauver les êtres et de les faire parvenir un jour à l’état de Buddha, ce que le texte exprime par les mots « le rang qu’occupe celui qui a l’omniscience. » Et quand il dit que les lois sont déposées par lui de manière à parvenir à ce rang sublime, cela revient à ceci : l’enseignement que le Tathâgata donne des lois ne manque pas son but ; ceux qui les entendent et les comprennent, en tirent, selon leurs facultés, le plus grand bien qu’elles puissent obtenir, y compris même la plus haute des récompenses, celle de l’omniscience ou de l’état de Buddha.

f. 69 a.Passé à l’autre rive, j’y fais passer les autres.] Nous avons ici une des formules les plus fréquemment répétées chez les auteurs buddhistes pour exprimer la mission libératrice d’un Buddha. Je dis formule, car ce passage de notre Lotus se trouve presque mot pour mot dans les livres pâlis des Buddhistes du Sud. J’en vais citer un seul trait qui est parfaitement concluant : Ahañtchamhi tiṇṇô lôkôtcha atiṇṇô ahañtchamhi muttô lôkôtcha amuttô ahañtchamhi dantô lôkôtcha adantô ahañtchamhi santô lôkôtcha asantô ahañtchamhi assatthô lôkôtcha anassatthô ahañtchamhi parinibbutô lôkôtcha aparinibbutô pahômitchâham̃ tiṇṇô târêtam̃ muttô môtchêtum̃ dantô damêtum̃ santô samêtum̃ assatthô assâsêtum̃ parinibbutô parinibhâpêtunti passantânam̃ Buddhânam̃ Bhagavantânam̃ sattêsu mahâkaruṇâ ôkkamati. « Et moi je suis passé à l’autre rive, et le monde n’y est pas passé ; et moi je suis délivré, et le monde n’est pas délivré ; et moi je suis dompté, et le monde n’est pas dompté ; et moi je suis calme, et le monde n’est pas calme ; et moi je suis consolé, et le monde n’est pas consolé ; et moi je suis arrivé au Nibbâna (Nirvâṇa) complet, et le monde n’y est pas arrivé. Et je puis, arrivé à l’autre rive, y faire arriver [le monde] ; délivré, le